Science, éducation, médias : quels rôles pour les climatologues aujourd’hui ? Conversation avec Éric Guilyardi

Auteur  Éric GuilyardiDirecteur de recherche au CNRS, Laboratoire d’océanographie et du climat, LOCEAN, Institut Pierre-Simon Laplace, Sorbonne Universit

Éric Guilyardi est océanographe et climatologue, spécialiste de modélisation climatique. Il s’intéresse tout particulièrement au phénomène climatique El Niño. Il a été auteur principal du 5e rapport du GIEC et a contribué au 6e. Il anime également une réflexion sur l’éthique de l’engagement public des scientifiques. Ce grand entretien, mené par Benoît Tonson, est l’occasion de mieux comprendre les liens entre l’océan et le climat et de réfléchir à la place du scientifique dans les médias et plus généralement dans la société, au moment où se tient la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc 3) à Nice.

The Conversation : Quels sont les liens entre le climat et l’océan ?

Éric Guilyardi : Le climat résulte de nombreuses interactions entre les composantes de ce que l’on appelle le « système Terre », dont l’atmosphère, l’océan, les surfaces continentales et la cryosphère (toutes les portions de la surface des mers ou terres émergées où l’eau est présente à l’état solide). L’océan est au cœur du système Terre car c’est son principal réservoir d’énergie. Les deux premiers mètres de l’océan contiennent en effet autant d’énergie que les 70 km de la colonne atmosphérique qui la surplombe ! Profond en moyenne de 4 000 mètres son immense inertie thermique en fait un gardien des équilibres climatiques. Par exemple, dans les régions au climat océanique, cette inertie se traduit par moins de variations de température, que ce soit dans une même journée ou à travers les saisons. L’océan est également un acteur des variations lentes du climat. Par exemple, le phénomène El Niño sur lequel je travaille, résulte d’interactions inter-annuelles entre l’océan et l’atmosphère qui font intervenir la mémoire lente de l’océan, située dans le Pacifique tropical ouest, vers 400 mètres de profondeur. Allant chercher une mémoire plus en profondeur, l’océan est également source de variations lentes qui influencent le climat depuis l’échelle décennale (mémoire vers 1 000 mètres de profondeur) jusqu’à des milliers d’années (entre 2 000 et 4 000 mètres).

L’océan joue un rôle fondamental dans le changement climatique, à la fois parce qu’il permet d’en limiter l’intensité, en absorbant à peu près un quart des émissions de carbone que l’activité humaine envoie dans l’atmosphère (via la combustion des énergies fossiles).

L’océan est donc notre allié, puisqu’il permet de limiter les impacts du changement climatique, mais il en subit également les conséquences. Sous l’effet de l’augmentation de la température, l’eau se dilate, elle prend plus de place et le niveau de la mer monte. La moitié de l’augmentation du niveau marin global (4 mm/an et environ 20 cm depuis 1900) est due à cette dilatation thermique. L’autre vient de la fonte des glaciers continentaux (en montagne, mais aussi de la fonte des calottes polaires en Antarctique et au Groenland).

Dans le couple océan-atmosphère, l’atmosphère c’est un peu le partenaire nerveux, qui va vite : une dépression, qui se crée par exemple au nord du Canada, traverse l’Atlantique, arrive en Europe et disparaît au-dessus de la Sibérie aura une durée de vie de quelques semaines. Les structures équivalentes dans l’océan sont des tourbillons plus petits mais plus lents qui peuvent rester cohérents pendant des années, voire des dizaines d’années.

Vous avez commencé à évoquer El Niño, qu’est-ce que c’est ?

É. G. : Ce sont les pêcheurs sud-américains qui ont donné le nom d’El Niño a un courant chaud qui est présent tous les ans au moment de Noël le long des côtes du Pérou et du Chili (d’où « l’Enfant Jésus », El Niño en espagnol). Le reste de l’année, et en « année normale », des eaux froides et riches en nutriments remontent des profondeurs, faisant de cette région une des plus poissonneuses de la planète.

Mais certaines années, le courant chaud reste toute l’année – cela devient une année El Niño et la pêche s’arrête, un signal que l’on retrouve dans les registres de pêche depuis des siècles.

Alors qu’est-ce qu’il se passe ? Dans le pacifique, les années « normales » (Fig. 1), des alizés soufflent d’est en ouest. Ces vents font remonter des eaux froides venant des profondeurs à la fois le long de l’équateur, dans l’est, mais aussi le long des côtes du Pérou et du Chili. L’eau chaude des tropiques s’accumule à l’ouest, autour de l’Indonésie et du nord de l’Australie.

Schéma de la différence entre une année normale et une année El Niño. La thermocline est la zone sous-marine de transition thermique rapide entre les eaux superficielles (chaudes) et les eaux profondes (froides). Fourni par l’auteur

Certaines années, des anomalies peuvent perturber ce système. Cela peut venir d’une anomalie de température vers le centre du Pacifique, par exemple sous l’effet de coup de vent d’ouest, des vents qui vont contrer les alizés pendant un moment. Si on a moins de différence de température, on a moins d’alizés, donc moins de remontée d’eaux froides. De l’eau plus chaude va s’étendre dans l’est et amplifier l’anomalie initiale. Le système s’enraye, les alizés s’affaiblissent et des anomalies de température de plusieurs degrés Celsius apparaissent dans d’immenses régions du Pacifique central et du Pacifique Est. Ces perturbations vont durer un an et c’est ce que l’on appelle un événement El Niño.

Aujourd’hui, on comprend bien les mécanismes de base de ce phénomène, on sait prévoir les impacts pour le bassin pacifique ainsi que pour les nombreuses régions de la planète que El Niño influence. On sait que l’anomalie se produit à intervalles irréguliers (tous les trois à sept ans). Le dernier a eu lieu en 2023-2024.

On parle également de La Niña, qu’est-ce que c’est ?

É. G. : C’est la petite sœur d’El Niño, dont les impacts sont en miroir puisque l’on assiste à des anomalies froides dans le Pacifique central et Est, liées à des alizés plus forts, au lieu d’anomalies chaudes. On peut la décrire comme une année normale avec des alizés plus forts. Ce n’est pas un miroir parfait car El Niño a tendance à être plus fort et La Niña plus fréquent.

Depuis quand travaillez-vous sur ce sujet ?

É. G. : J’ai d’abord fait une thèse sur les échanges océan-atmosphère à partir du milieu des années 1990. À cette époque, il n’existait pas encore de modèle climatique global en France. On en avait un qui simulait l’atmosphère, et un autre, l’océan. Mon premier travail a donc consisté à « coupler » ces deux modèles. J’ai commencé à m’intéresser au phénomène El Niño lors d’un postdoctorat dans un laboratoire d’océanographie (le LODYC, ancêtre du LOCEAN). J’ai poursuivi mes recherches à l’université de Reading en Grande-Bretagne avec des spécialistes de l’atmosphère tropicale. En effet, pour comprendre El Niño, il faut s’intéresser à la fois à l’atmosphère et à l’océan. À cette époque, je développais des simulations informatiques et j’analysais comment ces simulations représentaient le phénomène El Niño.

On a vraiment assisté à de grandes avancées depuis les années 1990. Non seulement nous arrivons à représenter El Niño dans ces modèles, mais la prévision saisonnière opérationnelle permet aujourd’hui de prévoir El Niño six neuf mois à l’avance. C’est-à-dire qu’on a suffisamment bien compris les mécanismes et que nous disposons d’un réseau d’observation de qualité.

Une des découvertes à laquelle j’ai contribué, à la fois importante et étonnante, a été de démontrer le rôle prépondérant de l’atmosphère dans la définition des caractéristiques d’El Niño. Pendant longtemps, nous avons considéré qu’un phénomène qui arrive tous les 3 à 7 ans était principalement une question d’océan et d’océanographe, car liée à la mémoire lente de l’océan.

Grâce à des modèles toujours plus précis, nous nous sommes en fait rendu compte que l’atmosphère jouait un rôle dominant, en particulier à travers le rôle des vents, des flux de chaleur, de la convection atmosphérique et des nuages associés.

Pourquoi est-ce si important d’étudier ce phénomène en particulier ?

É. G. : El Niño est la principale anomalie interannuelle du climat à laquelle les sociétés et les écosystèmes doivent faire face. On a vu l’impact sur la pêche au Pérou ou au Chili. Aujourd’hui, la décision d’armer ou non les flottes de pêche de ces pays dépend des prévisions saisonnières d’El Niño, d’où leur importance.

Il y a d’autres impacts liés à ce que nous appelons des « téléconnections », c’est-à-dire des sortes de ponts atmosphériques qui connectent les anomalies du Pacifique tropical aux autres régions du globe, en particulier dans les tropiques. Par exemple, en Indonésie, une année El Niño particulièrement marquée peut diviser la récolte de riz par deux. Il y a aussi de nombreux impacts en l’Afrique, en particulier en Afrique de l’Est : des inondations pendant El Niño, des sécheresses pendant La Niña, avec des impacts humanitaires très sévères dans des pays déjà vulnérables. Les agences humanitaires utilisent aujourd’hui les prévisions saisonnières pour pouvoir anticiper ces événements extrêmes et leurs impacts. Il y a aussi des impacts en Californie, qui voit ses précipitations augmenter pendant El Niño et diminuer pendant La Niña, amplifiant les impacts de la sécheresse liée au changement climatique.

On lie souvent ces événements extrêmes au changement climatique, peut-on faire un lien direct entre El Niño et le changement climatique ?

É. G. : Il y a trois aspects à retenir sur les liens avec le changement climatique : l’un avéré, un autre qui est une question de recherche et enfin un aspect trompeur. Celui qui est avéré vient du fait qu’une atmosphère plus chaude contient plus d’humidité. Donc quand il pleut plus, il pleut encore plus du fait du réchauffement climatique. Pendant El Niño, il y a par exemple des précipitations intenses dans certaines régions qui étaient plutôt sèches, par exemple le Pacifique central ou les côtes du Pérou et du Chili. Il y en a d’autres en Afrique centrale et de l’est, comme nous l’avons vu aussi. Donc ces événements extrêmes vont être plus extrêmes du fait du réchauffement climatique. Ce premier aspect est bien documenté, en particulier dans les rapports du GIEC.

La seconde question qui se pose est de savoir si El Niño lui-même va changer. Est-ce que son intensité, sa fréquence, sa localisation vont évoluer ? Cela reste une question de recherche. Il y a une série d’études basées sur des résultats de modélisation qui suggère que la fréquence des événements les plus forts pourrait augmenter. Mais il faut rester prudent car ces simulations numériques, fiables à l’échelle saisonnière, ont encore des biais à plus long terme. Il reste de nombreuses questions dont la communauté scientifique s’empare avec énergie.

Enfin, l’aspect trompeur est de penser qu’El Niño accélère le changement climatique. C’est d’abord une confusion d’échelle de temps : El Niño modifie la température planétaire d’une année sur l’autre alors que le réchauffement la modifie dans le temps long (décennies). Ensuite, il est arithmétiquement compréhensible qu’El Niño modifie la température moyenne car le Pacifique tropical représente un quart de la surface de la planète. Mais cela ne veut pas dire que la température augmente de façon durable sur le reste du globe. La focalisation de la communication climatique sur la température moyenne annuelle et d’éventuels records une année particulière encourage cette confusion.

Comment prévoit-on El Niño ?

É. G. : Aujourd’hui les systèmes de prévisions opérationnels, par exemple à Météo-France ou au Centre européen de prévision à moyen terme en Europe ou à la NOAA aux USA, prévoient ce phénomène environ 6 à 9 mois à l’avance. Un réseau d’observation couvre le Pacifique tropical composé essentiellement de bouées fixes et dérivantes et de satellites. Ce réseau permet de mesurer la température, les courants et les autres paramètres qui vont permettre d’établir avec précision l’état actuel de l’océan qui est la base d’une prévision de qualité. On va ainsi pouvoir détecter l’accumulation de chaleur dans le Pacifique Ouest, qui se traduit par une anomalie de température de plusieurs degrés vers 300 mètres de profondeur, et qui est un précurseur d’El Niño.

Cette condition nécessaire n’est pas suffisante car il faut un déclencheur, en général une anomalie de vent d’Ouest en surface. Le fait que celle-ci soit plus difficile à prévoir explique la limite de prévisibilité à 6 à 9 mois.

Par exemple, en 2014, Le système était rechargé en chaleur en profondeur et les prévisions indiquaient une forte probabilité d’El Niño cette année-là… qui n’a pas eu lieu car l’atmosphère n’a pas déclenché l’événement. Il a fallu attendre 2015 pour avoir El Niño et évacuer cette chaleur accumulée vers les plus hautes latitudes.

Les enjeux de recherche actuels, issus des besoins de la société, sont de prévoir plus finement le type d’El Niño. Va-t-il être plutôt fort ou plutôt faible ? Sera-t-il localisé plutôt dans l’Est du Pacifique ou plutôt dans le centre ? Les enjeux de prévision sont importants puisque les impacts ne seront pas les mêmes.

On le voit, vos travaux ont un impact sur certaines grandes décisions politiques, vous avez fait partie des auteurs du cinquième rapport du GIEC, cela vous a également exposé au système médiatique, comment l’avez-vous vécu ?

É. G. : J’ai d’abord pensé qu’il était important de partager ce que nous scientifiques savons sur le changement climatique, donc j’y suis allé. Sans être forcément très préparé et cela a pu être un peu rock’n’roll au début ! Ensuite, grâce à des media training, j’ai mieux compris le monde des médias, qui a des codes et des temporalités très différents de ceux du monde de la recherche. Depuis, les sollicitations viennent en fait de toute part, elles ne sont pas que médiatiques. En ce qui me concerne, j’ai décidé de principalement m’investir dans l’éducation, à travers la présidence de l’Office for Climate Education, qui a pour mission d’accompagner les enseignants du primaire et du secondaire pour une éducation au climat de qualité et pour toutes et tous. C’est un engagement qui fait sens.

Je suis également engagé dans une réflexion sur le rôle du scientifique dans la société. Nous avons créé un groupe de réflexion éthique au sein de l’Institut Pierre-Simon Laplace pour échanger collectivement sur ces enjeux science-sociéte et les différentes postures possibles.

Cette réflexion était essentiellement individuelle ou faite entre deux portes dans les couloirs de nos laboratoires. Les enjeux sont tels que nous avons décidé de nous en emparer collectivement. Cela m’a amené å rejoindre le Comité d’éthique du CNRS pour lequel j’ai co-piloté un avis sur l’engagement public des chercheurs. « L’engagement public », c’est quand un chercheur s’exprime publiquement en tant que chercheur pour pousser à l’action (par exemple une biologiste qui dit « vaccinez-vous » ou un climatologue qui suggère de moins prendre l’avion). C’est donc différent de la médiation ou de la communication scientifique qui n’ont, en général, pas cet objectif « normatif ». L’engagement public ainsi défini ne fait pas partie de la fiche de poste des chercheurs, mais c’est important que des scientifiques puissent le faire. Car si ce n’est pas eux qui interviennent dans le débat public, ce sera peut-être des personnes avec moins d’expertise.

Mais n’est-ce pas un risque pour le chercheur de s’engager ainsi ?

É. G. : Si bien sûr ! Un risque pour sa réputation académique, pour l’image de son institution, voire même pour l’image de la recherche. Pour le faire de façon sûre et responsable, il faut donc avoir conscience des valeurs que porte un tel engagement et en faire état. Car l’expression publique, même d’un chercheur, n’est pas neutre. Les mots que l’on va choisir, le ton de sa voix, la façon de se présenter, portent un récit et donc des valeurs. Clarifier ces valeurs personnelles pour ne pas tromper son auditoire, le laissant croire à une prétendue neutralité, a aussi l’avantage de ne pas risquer d’être perçu comme militant.

C’est un travail d’acculturation nouveau pour notre communauté, que d’autres sciences pratiquent depuis plus longtemps, comme les sciences médicales. Nous devons collectivement mieux comprendre la société et ses ressorts pour n’être ni naïfs, ni instrumentalisés, et rester pertinents. Il faut par exemple être particulièrement vigilant avec des porteurs d’intérêts privés (entreprises, ONG, partis politiques) qui peuvent vouloir chercher une forme de légitimation de leur agenda auprès des chercheurs.

Qu’est-ce qui a changé dans votre pratique des médias après toutes ces réflexions ?

É. G. : Tout d’abord, j’interviens nettement moins dans les médias. Les journées n’ont que 24 heures et je me suis rendu compte que ma valeur ajoutée n’était pas très élevée, l’angle de l’interview étant la plupart du temps décidé à l’avance. De plus, la pression sur les journalistes rend l’expression d’une nuance très difficile. L’injonction à prendre parti entre deux positions extrêmes me semble stérile même si je comprends que cela puisse faire de l’audimat.

J’ai joué ce jeu pendant un temps, mais j’ai fini par me rendre compte que je participais à un récit essentiellement catastrophiste et que mes tentatives de nuances étaient vaines. Et je ne parle même pas des réseaux sociaux, avec leurs algorithmes conçus pour polariser, que je ne pratique donc pas. Ce type de récit d’alerte a sans doute eu son utilité mais je suis convaincu qu’il est aujourd’hui contre-productif. Je suis aussi de plus en plus gêné quand on me tend le micro pour me demander ce qu’il faudrait faire. On entend souvent le message : « on connaît les solutions mais on ne les met pas en œuvre parce que, soit l’on n’écoute pas assez les scientifiques, soit il y a des “méchantes” entreprises, soit il y a des politiques incompétents ». Mais je ne suis pas sûr qu’il y ait des solutions clairement identifiées. Pour moi, le défi environnemental (climat, biodiversité, pollution) est comme la démocratie ou les droits de l’Homme, il n’y pas de solutions mais une attention de tous les instants, une réflexion démocratique sur le monde que nous voulons, le niveau de risque acceptable, le niveau d’inégalités acceptable, etc. C’est une discussion essentiellement politique, au sens noble du terme, dans laquelle l’avis des scientifiques n’a pas plus de poids que celui de chaque citoyen. Trop donner la parole aux scientifiques (ce que vous faites dans cet interview !) c’est risquer de dépolitiser des enjeux essentiels et ouvrir la porte à un backlash des populations.

D’où l’importance de l’éducation, pour bien percevoir la complexité des enjeux, bien différencier les registres de connaissance (scientifique, croyances, valeurs…), comprendre les liens et l’articulation entre les différents défis, et éviter ainsi de tomber dans des visions étroites du monde ou de l’avenir, forcément angoissantes. Le sentiment simpliste qu’il y aurait des solutions peut aussi générer de la colère envers les dirigeants qui ne les mettraient, donc, pas en œuvre.

Que proposez-vous pour avancer ?

É. G. : Tout d’abord retrouver de la nuance, de la complexité, affirmer haut et fort qu’il n’y a pas que le climat et la température moyenne de la Terre dans la vie, apprendre à préparer l’avenir positivement. Il y a 17 objectifs du développement durable qui sont autant de sources de malheur humain. A mes yeux de citoyen, il n’y en a pas un qui serait plus important ou plus urgent que les autres. Les éventuelles priorités dépendent de la société que nous voulons, du niveau de risque acceptable et sont donc ancrées localement et culturellement. Regardez comment les différents pays ont fait des choix politiques très différents face au même virus pendant le Covid ! Placer le débat d’abord au niveau du monde que nous voulons, c’est faire un grand pas en avant, même si le chemin reste long.

On me traite souvent « d’optimiste » face à tous ces défis. Mais en fait, pour moi, la période que nous vivons est passionnante ! Nous sommes face à une transition majeure, rare dans l’histoire de l’humanité. Oui c’est vrai, et il ne faut pas se voiler la face, cette transition aura son lot de risques et de malheurs et il y a des intérêts du monde ancien qui résisteront longtemps et farouchement. Mais un nouveau monde de possibles s’ouvre à nous – c’est terriblement excitant, en particulier pour les jeunes !

Publié : 11 juin 2025
Source : https://theconversation.com/